Le prêtre philosophe Jean Armel Bissi : « Réduit à un rôle périphérique… Rigobert Song est un coach aux ordres »
[ Voici la « Tribune libre » du prêtre philosophe Jean Armel Bissi sur la confusion des prérogatives entre Samuel Eto’o et Rigobert Song Bahanag au sein de l’équipe nationale de football du Cameroun publiée par le média camerounais Direct-info.net.]
La Confusion des prérogatives entre Samuel Eto’o et Rigobert Song Bahanag au sein de l’équipe nationale de football du Cameroun
Je me refuse de faire le débat qui s’impose à tous en ce moment après une sortie du président de la Fecafoot au terme d’un match opposant le Cameroun au Burundi et comptant pour les qualifications de la Can 2023.
En effet, pour la plupart des compatriotes camerounais, le président de la fecafoot est dans son rôle. Il a le droit de parler dur aux joueurs, de faire des mises en garde et de rassurer que les moins impliqués à l’effort de vaincre n’iront pas au mondial 2022 au Qatar.
Les compatriotes ne manquent pas de mentionner que Samuel Eto’o a pris la fédération dans un état scabreux. C’est de sa propre poche qu’il gère un certain nombre de dossiers courants. Il est donc tout à fait normal qu’il s’impose à l’équipe des lions indomptables et dicte sa volonté.
Il est aussi des compatriotes qui me font observer que Samuel Eto’o est une star mondiale du football. Il traine une très grosse expérience du football de haut niveau. Quand il a des choses à imposer à l’équipe des lions indomptables, cela doit passer comme une lettre à la poste puisqu’il s’agit de Samuel Eto’o.
À mon propre niveau, je suis un grand admirateur de Samuel Eto’o. Je sais qu’il aime son pays. Je sais surtout qu’il veut marquer l’histoire en conduisant l’équipe nationale à des performances non encore connues de nous en coupe du monde et à d’autres grandes compétitions. C’est un homme de rigueur et d’ambitions.
Toutefois, au moment où la figure d’Eto’o qui est président de la Fecafoot devient prééminente sur l’équipe nationale, on voit aussi une figure préoccupante s’étioler : celle de Rigobert Song. En effet, le coach des Lions Indomptables passe aujourd’hui pour une personnalité de seconde zone. Il ne dit rien, ne propose rien et on avance comme si le garant de l’équipe nationale est plutôt Samuel Eto’o. Par ailleurs, on voit bel et bien dans les propos de Samuel Eto’o qu’il est l’homme par qui tout passe : de la sélection des joueurs jusqu’à leur classement sur le terrain avant les matches. Cela est ressorti après le match Cameroun- Burundi.
En effet, le président de la Fecafoot n’a pas caché son autorité sur les prérogatives du coach en affirmant qu’il n’ira pas en coupe du monde avec les gens qui refusent de mouiller le maillot. Même s’il lui faudra préférer les enfants c’est-à-dire les joueurs locaux, il n’hésitera pas ajoutait-il. C’était bien-sûr devant le coach. Cela faisait donc voir l’emprise du président de la Fecafoot sur le coach des Lions Indomptables réduit à un rôle périphérique sur les questions qui engagent sa responsabilité personnelle et son expertise sur l’équipe.
Alors, qui va répondre de cette équipe au jour du malheur ? Song acceptera-t-il porter le maillot de la honte en tant que Coach pourtant il n’a pas les mains libres ? Samuel Eto’o assumera-t-il son autorité devant la colère d’un peuple dont on connaît les dérives après une réussite manquée ? Bref, qui est le patron de cette équipe et qui doit rendre compte au public des performances enregistrées ?
Tant que tout va bien et que des victoires se suivent, on feint de ne pas avoir les yeux ouverts sur la confusion actuelle. Tout a l’air d’une complicité bien ficelée entre deux copains solidaires. Mais, les choses demeureront-elles ainsi au moment où le peuple, après un déshonneur sanglant, demande souvent à ce que les dirigeants rendent compte de ce qui arrive aux lions ? Après un match de misère doublé d’une disqualification à un niveau de tournoi décisif, Song acceptera-t-il le désamour de son peuple alors qu’il est un coach aux ordres ?
Pr Jean Armel Bissi, prêtre et enseignant de philosophie ( Cameroun ).