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🇨🇮 Production de noix de cajou : Bêh Soro, président de la nouvelle organisation de ce secteur dévoile ses ambitions

Production de noix de cajou : Bêh Soro, président de la nouvelle organisation de ce secteur dévoile ses ambitions

La Côte d’Ivoire, leader mondial de la noix de cajou, a réalisé en 2021 une bonne campagne de commercialisation.  L’objectif du pays est d’aller au-delà d’un million de tonnes de noix brute en 2022.

Bêh Soro, en sa double qualité de président de l’OIA ANACARDE et de la Centrale de Cajou ( Fédération nationale des unions régionales des sociétés coopératives des producteurs d’anacarde dans les 19 régions productrices d’anacarde en Côte d’Ivoire), s’est confié à Afrique54.net.

Dans un entretien exclusif, il livre des confidences sur ses premières batailles. Bêh Soro  veut davantage faire grimper cette production. Une démarche en phase avec « le gouvernement de Patrick ACHI qui ambitionne de transformer toute sa production pour booster le revenu des producteurs du pays». Interview.  

 

Bêh Soro  Président de l’organisation

 

Vous venez d’être investi président de l’Oia Anacarde, pouvez-vous nous présenter cette organisation ? 

L’OIA ANACARDE c’est l’interprofession agricole dédiée à la filière Anacarde de Côte d’Ivoire. Les différentes missions de cette organisation sont multiples mais on retient quelques-unes essentiellement, la cohésion entre les acteurs du secteur, l’assainissement sur la chaîne de commercialisation depuis le producteur jusqu’au transformateur, l’augmentation des capacités d’exploitation de tous les acteurs et surtout les nationaux de sorte à leur permettre une pérennité de leurs activités.

Quelle est votre première bataille pour redorer cette faîtière naissante ?

Pour moi, c’est de valoriser la chaîne de valeur à chaque niveau. Mettre en place un système visant à améliorer les conditions de vie des producteurs, à une observation des bonnes pratiques agricoles, proposer des produits de qualité aux acheteurs et aux exportateurs pour développer leur activité, en préservant ou améliorer le label Ivoire existant.

Pouvez-vous nous parler de la position de la Côte d’Ivoire en matière de production de noix de cajou ?

La filière anacarde compte plus de 450 mille producteurs avec une production de plus de 1 million de tonnes en 2021. Ce qui maintient la Côte d’Ivoire au rang de 1er producteur mondial. Cette année 2022, les données vont plus grimper.

A combien est fixé le prix bord-champ du kilogramme par l’Etat cette année ?

L’Etat a reconduit le prix à 305 F F Cfa qui est relatif au prix de la campagne 2021. Je profite pour remercier le président de la République de Côte d’Ivoire, SEM Alassane Ouattara, dans sa volonté de soutenir le secteur agricole notamment, celui de l’anacarde. Nous avons participé auprès du régulateur, le conseil coton-anacarde (CCA), à la détermination du prix qui passe par un système de matrice appelé barème. Selon cette matrice, le prix résiduel qui devrait revenir au producteur était 293  F Cfa. Mais, l’Etat a regardé les difficultés des acteurs en reconduisant le prix à 305 F Cfa malgré la hausse des charges portuaires sur les exportations due à la situation du Covid-19.

Dans votre domaine, il y a-t-il des sanctions appliquées aux acheteurs qui ne se conforment pas à 305 F Cfa, le prix du fixé pour la campagne 2022 ?

Il y a toujours des sanctions prévues par le régulateur car il peut exister naturellement des pisteurs qui ne se conforment pas aux règles sur le terrain. Le CCA contrôle la situation en jouant pleinement son rôle à travers les comités de veille départementaux. Mais jusqu’ici, il fauter qu’il n’y a pas de fraudes graves.

 

Le président Bêh Soro entouré de ses collaborateurs de l’OIA

 

Vous qui êtes le premier responsable de cette nouvelle faîtière, pouvez-vous égrainer quelques difficultés que rencontrent les producteurs ?

Les producteurs sont confrontés à plusieurs difficultés. Il y a le problème de productivité qui se pose, le problème de qualité liée au climat variant par région. La Côte d’Ivoire en effet, compte 19 régions productrices mais le rendement varie d’un verger à un autre. Un verger est un espace de terrain dévolu à la culture d’arbres fruitiers.

C’est le tout-venant que les personnes utilisent pour faire leur verger. Pour cela, il ne fait pas partie de la même sélection en termes de plantes. Il faut noter que le rendement moyen en Côte d’ivoire est de 500 kilos l’hectare contrairement à l’Inde qui  fait 10 fois ce rendement (5 tonnes à l’hectare). Il faut donc chercher une variété ou des variétés qui résolvent plusieurs problèmes, s’adaptant à chaque région de sorte à avoir une qualité universelle pour sauvegarder le label ivoire. Cette sélection de variété devrait être aussi accessible à d’autres cultures intercalaires (les cultures vivrières entre autres, le riz, le maïs etc.).

Comparativement à 2020, quelle est la capacité de transformation locale de noix de cajou en 2021 ?

L’année qui vient de s’achever, nous sommes à 14 % de transformation nationale. C’est un pourcentage qui reste loin de l’objectif de l’Etat ivoirien qui est de transformer localement 50 % de la production. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est dotée de plusieurs usines de transformation de noix brute de cajou. L’initiative vient consolider la chaîne des valeurs de l’anacarde.

Quels sont ces enjeux ?

Le gouvernement de Patrick Achi ambitionne de transformer toute sa production pour booster le revenu des producteurs. Je souhaiterais que cette transformation qui s’inscrit dans le projet de l’Etat soit une chaîne de valeurs pour que les acteurs majeurs que sont les producteurs soient les premiers bénéficiaires.

 

Une équipe dynamique au service de l’OIA

 

Pour que cette vision de l’Etat ait un impact direct sur le revenu du producteur, nous invitons le gouvernement ivoirien via le régulateur à progressivement multiplier ses initiatives en déployant des moyens pour permettre aux producteurs d’être entrepreneurs, par la mise  en place des unités de proximité, unités semi-motorisées.

Ces usines de décorticage mécaniques, artisanales vont favoriser la semi-transformation par ces derniers. Les produits de cette semi-transformation appelés Amandes Non Depelliculees (AND) seront transférés dans les unités modernes implantées dans chaque région par les autorités compétentes via le CCA.

Déjà sur la chaîne de transformation, la valeur ajoutée qui est dégagée est plus ou moins partagée entre le transformateur fini et le semi-transformateur, le producteur. Quand on implante ces différentes usines dans les localités de production, cela crée la compétitivité dans lesdites localités à travers la valorisation de la noix brute.

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Nos parents n’auront plus intérêt à aller dans les pays voisins pour écouler leurs productions. Par ailleurs, c’est une source d’employabilité dans les localités de production. A titre d’exemple, une unité moderne emploie moins que la semi-motorisée. Donc, la mise en œuvre de cette initiative lutte contre le chômage en milieu rural en stimulant le revenu direct du producteur.

La consommation de l’anacarde est-elle prisée par la population ivoirienne?

Non, la consommation du fruit de l’anacardier surtout l’amande n’est pas totalement prisée par la population.

Tout est lié à une culture ou aux attitudes alimentaires. Cela veut dire qu’il faut montrer de l’intérêt à consommer localement nos amandes et autres dérivés de l’anacarde. La population doit s’imprégner des vertus de l’anacarde.

Bêh Soro  Président de l’organisation

 

L’Europe et l’Amérique sont les premiers continents où les habitants consomment plus les dérivés de ce produit. Si la demande est forte dans les pays occidentaux, c’est évidemment parce qu’il n’a aucun impact négatif sur l’organisme de l’Homme. En qualité de 1er producteur mondial, il est important d’encourager la consommation locale des produits finis de l’anacarde. C’est de cette manière que l’anacarde sera valorisé.

 

Entretien mené par Stéphane BETI, Afrique54.net

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