Prévention des risques professionnels au Cameroun : Le Dg de la Cnps Mekulu Mvondo Akame répond à 35 questions

" Le bilan est assez mitigé. Ils sont venus mais pas au niveau que nous attendions. Malheureusement, nous avons à peu près 180 000 assurés volontaires. Nous en attendons beaucoup plus."

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« La prévention ne relève pas exclusivement ni de l’Etat, ni d’un organisme, ni même de l’entreprise ou du travailleur. Ce sont toutes ces parties prenantes qui doivent agir pour prévenir au mieux les risques professionnels ».

C’est le message du Directeur général hier sur la CRTV télé, à l’occasion du lancement du mois de la prévention des risques professionnels. Invité de l’émission Actualités Hebdo, le top manager est revenu sur la gestion de l’institution dont il a la charge. Lire l’intégralité de l’entretien. 

Parlant des risques professionnels, peut-on pas considérer le Covid-19 comme un risque professionnel aujourd’hui ?

Le coronavirus est une pandémie ; donc à priori, il ne peut pas être considéré comme un risque professionnel dans notre statut juridique bien que certaines conséquences de cette pandémie puissent influencer les travailleurs. De toutes les façons, c’est une question qui nous préoccupe aussi.

Si vous entendez un de vos collaborateurs à la Caisse nationale de prévoyance sociale ou d’une entreprise de la place ainsi dire : « Je reste confiné chez moi» alors que le confinement n’est pas officiellement déclaré au Cameroun, peut-il brandir cette excuse comme un risque ?

Disons d’abord qu’au Cameroun, il n’y a pas de droit de retrait comme cela se passe ailleurs. Donc, le travailleur par lui-même ne peut pas le décider. Par contre, en ce qui concerne la CNPS, nous avons pris des mesures précises pour confiner un certain nombre de travailleurs de notre structure chez eux. La plupart d’entre eux exerçant en télé travail.

La CNPS entreprise sociale impliquée dans la vie dans la vie des Camerounais. Vous vous sentez engagé ?

Absolument. Parce que non seulement le gouvernement l’a décidé. Mais, nous devons appliquer les prescriptions gouvernementales. La CNPS est une entreprise sociale et à responsabilité sociétale. Donc, nous assumons pleinement cette responsabilité autant vis-à-vis de nos travailleurs qu’à l’égard des autres travailleurs camerounais.

Que pèse le risque professionnel dans le volume de vos activités ?

C’est vrai qu’on parle beaucoup plus des pensionnés lorsqu’on évoque la CNPS. Mais, il n’en demeure pas moins que les risques professionnels restent une activité fondamentale dans nos missions et nous occupent autant qu’ils nous amènent à faire un certain nombre de dépenses. Ils nous occupent parce que nous faisons la prévention auprès des entreprises qui sont immatriculées auprès de nous et nous assumons les prestations sociales relatives aux maladies professionnelles et des accidents de travail.

Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui pensent que le risque professionnel est un peu le parent pauvre des activités de la CNPS ?

En termes de visibilité médiatique, d’aucuns pourraient le penser. Mais cela prend le gros de nos activités. A titre illustratif, en 2019, nous avons effectué 632 visites en entreprises. Nous faisons des visites auprès des entreprises pour nous assurer que des mesures de sécurité et de santé au travail sont respectées. Nous donnons les conseils pour optimiser cette prévention. Mais aussi, le cas échéant, lorsque qu’il y a des accidents et les maladies en milieu professionnel, nous prenons cela en charge. En 2019, nous avons payé environ trois milliards de Fcfa de prestations sociales relatives à la réparation des accidents du travail.

Mais il n’en demeure pas moins que certains estiment que ce n’est pas assez contraignant vis-à-vis des employeurs?

Oui. Il faut le dire. Malheureusement, c’est notre législation qui devrait évoluer. Ce n’est pas la faute à la CNPS, car nous n’avons pas la possibilité de sanctionner les employeurs qui ne respectent pas les mesures de prévention des risques professionnels. Nous nous limitons, de par la législation, à leur administrer des conseils pour prévenir ces accidents qui peuvent avoir des conséquences graves y compris dans leurs exploitations donc ils ont d’ailleurs tout intérêt. Nous nous attachons à le leur démontrer, à assurer cette prévention

Monsieur le directeur général, concrètement comment va se dérouler la 24e journée africaine des préventions des risques professionnels ici au Cameroun?

L’inter africaine de prévention des risques professionnels (IAPRP), notre organisation régionale a prévu précisément  que chaque pays membre compte tenu de la situation pandémique actuelle, organise de la manière la plus appropriée, les activités liées à cette journée. Donc, au Cameroun, nous tenons compte naturellement des prescriptions gouvernementales. Nous ne ferons plus de grandes réunions, de grandes assemblées. Nous procèderons davantage par téléconsultation et télé discussions. Donc, ce sera des discussions en ligne. Car, il faut limiter la présence de beaucoup de personnes dans un même lieu. Nous nous réfèrerons à la qualité des discussions entre techniciens, entre entreprises et avec la CNPS.

Les usagers de la CNPS se plaignent du fait que le paiement des risques professionnels se fait de façon lente…

C’est compréhensible. La CNPS est justiciable devant ces « lenteurs » parce qu’elles ne dépendent pas toujours de nous. Selon nos règles, lorsqu’un dossier est complet, nous assurons le paiement dans la journée.

Si quelqu’un a été amputé d’une jambe, trois ou quatre années qu’il ne soit pas payé parce que cette situation-là se vit quotidiennement à la CNPS. C’est la faute à qui ?

C’est du passé. Aujourd’hui, il peut arriver qu’il y ait quelques retards parce que malheureusement toute la chaîne ne dépend pas exclusivement de la CNPS. Je prends l’exemple d’un accident de trajet avec notamment un travailleur qui part de son domicile pour son lieu de travail ou l’inverse et qu’il y a un accident de travail. La CNPS ne peut pas intervenir tout de suite parce qu’il nous faut un procès-verbal de constat d’accident fait par une autre administration. Cela peut prendre beaucoup de jours ou des mois. Tant que nous n’avons pas ce document, nous ne pouvons pas prendre l’accident en charge. Mais aussitôt que l’ensemble des documents est mis à la disposition de la CNPS, rassurez-vous, la prise en charge est immédiate. Dès que le dossier est complet et qu’il est déposé, il nous faut une heure pour régler la question. C’est depuis à peu près deux ans que nous avons la possibilité de le faire. C’est pourquoi je disais les situations des dossiers qui avaient trainé depuis plusieurs années c’est du passé. Nous avons la possibilité aujourd’hui avec notre système d’information la possibilité du traitement des informations dans la mesure où toutes les données du travailleur et de son employeur sont dans notre système, on a la possibilité de régler cela en quelques heures, en quelques minutes même parfois. C’est la résultante du système informatique, c’est la digitalisation des services.

A entendre les syndicalistes, il y a une question qui revient et qui porte des accusations à l’endroit des entreprises. Comment contraindre les responsables d’entreprises à accélérer la prévention de ces risques au niveau de leurs structures ?

D’abord, je vais dire que je suis d’accord avec ce que les syndicalistes disent. L’Etat a plusieurs instruments de contrôle. Je vais dire que la CNPS s’occupe de la prévention mais elle n’a pas les moyens de sanctions. Nous ne pouvons pas sanctionner une entreprise qui ne respecte pas les mesures de prévention des risques professionnels. Nous arrivons à la réparation. Par contre, il y a des administrations comme l’inspection du travail. Donc c’est le rôle un peu parce qu’il y a des mesures judiciaires que l’inspection du travail peut engager lorsqu’elle constate qu’un employeur n’est pas à jour ou imprudent ou ne prend pas un certain nombre de mesures, elle peut engager des poursuites y compris pénales contre cet employeur. Mais, je ne suis pas certain que ce soit les mesures pénales qui, le cas échéant qui règleraient cette question. C’est la raison du thème de cette année de la journée africaine de la prévention des risques professionnels « Travailler ensemble pour prévenir les risques professionnels ». C’est quelque chose de synergique. Bien sûr il y aura toujours des accidents mais, l’objectif est d’aller le plus haut possible, que les entreprises constituent des comités d’hygiène de sécurité et santé au travail. Ce sont ces comités qui regroupent l’employeur et les délégués du personnel, parfois l’administration du travail, ce sont ces comités qui peuvent travailler très activement au sein des entreprises. Ce n’est pas une question de publicité c’est une question de travail en interne pour persuader les travailleurs eux-mêmes à appliquer les mesures parce que ce n’est pas évident. J’ai travaillé dans une entreprise par le passé où les travailleurs avaient du mal à accepter le port des équipements de protection individuel. C’est un travail de longue haleine.

Est-ce qu’il n’y a pas au niveau des textes un moyen de les toiletter afin de les mettre en harmonie avec la prévention ?

Je suis d’accord avec vous. La plupart des textes date des années 70, 80. Il faudrait les toilettes. Je crois que certaines propositions sont faites pour introduire par exemple le concept  de « Bonus-malus » qui voudrait dire que les entreprises qui respectent les mesures en réduisant le nombre d’accidents, auraient un bonus en termes de réduction du taux de cotisations sociales. A contrario, celles qui enregistreraient le plus grand nombre d’accidents auraient un malus en termes d’augmentation du taux de cotisation. J’espère que cette réforme aura lieu.

Monsieur le Directeur général les organismes de sécurité sociale de par le monde sont déficitaires. Comment se porte la CNPS?

Je dirais que la CNPS se porte bien, nous sommes excédentaires. Pour ce faire il faut s’attacher à bien gérer, s’attacher à faire des économies dans le fonctionnement, réduire les coûts.

 

 

Il se dit que vous faites de gros investissements qui vous rapportent beaucoup d’argent. Pourquoi, vous n’en parlez pas souvent ?

Il vaut mieux ne pas trop en parler parce que l’argent n’aime pas le bruit. Parce que chaque fois que vous en parleriez, cela susciterait des commentaires qui n’ont pas lieu alors que l’objectif principal c’est que ces placements rapportent de l’argent qui permet de préparer surtout l’avenir.

Vous qui êtes en rapport avec les entreprises, vous sentez quand même que ces derniers jours que la situation commence à être tendue?

Pas encore. Peut-être verra-t-on le mois prochain. Mais, pour le mois de mars, nous avons enregistré une légère baisse de 10% dans la collecte des cotisations sociales. Nous verrons dans les mois qui vont suivre.

Pourquoi les dossiers d’allocations familiales trainent-ils à la CNPS ?

Les allocations familiales, c’est la chose la plus facile à obtenir aujourd’hui à la CNPS. Vous pouvez avoir vos allocations en trente minutes dès lors que le dossier est complet. Pas besoin de vous rendre sur place à la CNPS puisque nous les payons par Mobile Money.

Vous avez l’impression que ce mode de paiement arrange les usagers ?

Ça devrait les arranger. C’est vrai que dans la situation que nous observons, il y a ceux qu’on appelle les illectroniques, ceux qui ne sont pas très ferrus d’internet, mais nos services restent ouverts et nous pouvons assurer à la fois leur accueil et les prestations qui leur incombent.

Pourquoi le paiement des allocations familiales du personnel de la Camtel est-il suspendu ?

Chaque fois que l’entreprise est à jour nous payons. C’est une prestation de court terme. Il faut nécessairement qu’il y ait des cotisations pour que les prestations soient payées. Malheureusement, il y a beaucoup d’entreprises qui trainent et beaucoup de travailleurs ne savent pas que l’employeur n’est pas à jour. Et lorsqu’ils ne reçoivent pas les prestations, ils se retournent vers la CNPS.

Est-ce que vous vous n’êtes tenu de dénoncer ce genre d’attitude si où l’entreprise ne donne pas les raisons valables ?

Nous le faisons mais nous ne pouvons pas le faire à son de trompe ce n’est pas notre mode de management. Mais lorsque le travailleur s’informe soit directement auprès de nos services, soit à travers notre site internet, il peut le cas échéant dénoncer son employeur. Mais nous lorsque nous sommes informés à travers notre monitoring que l’employeur n’est pas à jour, nous engageons les contrôles, les mesures de coercition, là il en existe. Toutefois, nous ne pouvons pas aller au-delà d’un certain niveau. On ne va pas fermer toutes les entreprises parce que ce n’est pas la guerre. Nous les exhortons à s’acquitter de leurs cotisations sociales.

Comment évalue-t-on une maladie professionnelle ?

Pour évaluer la maladie professionnelle il y a deux conditions. D’abord, il faut que ce soit une maladie contractée à l’occasion ou dans l’exercice d’une activité professionnelle. Ce n’est pas nécessairement le jour où vous êtes au bureau. Mais, par votre activité vous contractez une maladie. Ça peut être une infection ou autre dont l’activité serait à l’origine. Ensuite, il faut que cette maladie figure dans la liste des maladies professionnelles qui est constatée par un décret. Il est vrai que même si la maladie ne figure pas sur le tableau des maladies professionnelles, la commission nationale d’hygiène et de santé publique peut constater cette maladie, la déclarer et proposer une inscription sur le tableau des maladies professionnelles.

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Lorsqu’ un employé quitte l’entreprise à 15h30min, heure de fermeture des services publics au Cameroun, il a le temps de rentrer chez lui. Autour de 17h, il est victime d’un accident quelque part en ville. Peut-on considérer qu’il est encore dans le créneau risque maladie ?

C’est une question un peu  complexe qui en général est réglée par le juge. Mais pour ce qu’on peut en dire en tirant l’explication directement des textes en vigueur est que, lorsque vous rentrez chez vous, il y a un trajet habituel que vous devez suivre. Si vous ne le respectez pas ce trajet habituel, on peut présumer que ce n’est pas un accident de trajet. Donc, ce n’est pas un accident du travail. Il est vrai que si vous vous détournez de ce trajet pour des raisons légitimes, des nécessités de la vie courante, cela peut se comprendre. L’enquête permet de déterminer en appréciant les conditions de survenance si c’est un accident de travail ou non.

 

 

Pourquoi les retraités mettent ils autant de temps pour commencer à percevoir leur pension à la CNPS?

En règle générale, si vous prenez la retraite aujourd’hui, vous avez la pension du mois en cours et le rappel dans votre compte bancaire pour toute la période. Si vous n’avez pas droit à un rappel, le lendemain vous avez droit à votre pension lorsque le dossier est complet. Cela est possible dans la mesure où nous avons extrêmement faciliter la constitution du dossier. Il y a quelques années, il fallait une quinzaine de pièces pour constituer un dossier de pension. Aujourd’hui, il n’y en a que 3, il faut trois pièces. Vous pouvez donc constituer un dossier en une journée. Mais, il reste entendu que malheureusement certaines entreprises ne sont pas à jour de leurs cotisations. Le problème ne pourra donc plus être au niveau de la CNPS parce que nous prenons en charge en temps réel, c’est un mois maximum.

 

 

Comment fait-on pour être recruté à la CNPS ?

On dépose un dossier. Si vous avez le profil qui correspond à nos besoins, on vous appelle pour un entretien d’embauche. Si vous êtes performant, on peut vous recruter. Evidemment, si vous avez 1000 dossiers, vous n’allez pas recruter 1000 personnes.

Où en êtes-vous avec le toilettage de votre fichier du personnel de la CNPS ?

Les faux diplômes c’est terminé. Parce qu’aujourd’hui lorsqu’on vous recrute, on vérifie l’authenticité de vos diplômes auprès des administrations compétentes. Toutefois, nous avons une situation du personnel qui ne correspond pas tout à fait à l’activité que nous réalisons. Nous venons à ce propos de lancer une opération de départ volontaire ceux qui veulent partir, nous leur accordons un pécule relativement consistant pour qu’ils puissent s’installer ailleurs.

Certaines personnes estiment que le directeur général de la CNPS est un peu distant de son personnel…

Je ne suis pas une vedette de football pour tomber dans les bras de tout le monde. Le directeur général exerce une activité qui occupe une bonne partie de son temps. Je puis arriver au bureau à 6h45min pour en repartir à 21h parfois plus. Vous comprenez que je n’ai pas beaucoup de temps à aller embrasser tout le monde. Cela dit, nous avons des outils de travail qui nous permettent d’être en contact avec chacun de nos travailleurs. Je leur envoie des messages quasi quotidiennement. Chacun sait que je le suis en repérage pour savoir ceux qui ne travaillent pas, ceux qui travaillent. Je peux attirer leur attention pour qu’ils sentent ma présence comme je me rends compte de la leur.

Est-ce ces syndicalistes et délégués du personnel ne vous ont pas, à un moment un petit peu pourri la vie ?

Oui c’est vrai. Je l’ai ressenti moi certainement parce que j’étais nouveau. Parfois, il y a comme dans toute activité humaine un rapport de force qui s’installe aussitôt que les personnes qui ne se connaissent pas en arrivent à se mettre les uns face à d’autres. Il faut aussi avouer que certains peut-être avaient des prétentions avec des choses qui étaient soit illégales ou illégitimes et que le directeur général n’entendait pas perpétuer. Des choses qu’un Directeur général qui veut assumer un certain nombre de responsabilité ne saurait accepter.

Vous estimez aujourd’hui que vous avez remporté ce bras de fer là ?

Ce n’est pas un problème de remporter. Je crois que tout le monde a compris l’intérêt des mesures qui ont été prises. Au plan individuel, je vous donnerais quelques chiffres. Lorsque j’arrivais, le salaire médian était de 280 000 à 300 000 Fcfa.  C’est-à-dire que la moitié au moins du personnel percevait un salaire supérieur à 280 000 Fcfa. Aujourd’hui, le salaire médian est d’environ 600 000 Fcfa. Cela veut dire que la moitié au moins du personnel de la CNPS a un salaire supérieur à 600 000 Fcfa et un salaire moyen de 580 000 Fcfa.

Qu’est ce qui aura conduit à cette évolution ?

Il fallait à la fois dégraisser, à la fois  réduire les dépenses. Nous sommes partis des dépenses annuelles de 17 milliards de Fcfa de fonctionnement aujourd’hui à moins de 4 milliards de Fcfa. C’est parce qu’il faut serrer les vis. Ce n’est pas que les dépenses avant étaient faites à l’emporte-pièce. Mais, compte tenu des modes de gestion que le directeur général que je suis, a instauré, il y a des dépenses qui n’étaient plus nécessaires. Donc, ces économies sont reversées à la fois dans les résultats et dans les salaires du personnel. Nous venons encore de distribuer des primes de résultat de plus d’un milliard de Fcfa il y a quelques jours à nos personnels. Ils en bénéficient donc, tout le monde finit par comprendre qu’une bonne gestion sérieuse et rigoureuse profite aussi à tout le personnel.

 

 

Est-ce que cela veut dire que les perdants sont ceux qui ne veulent pas aller à ce rythme-là ?

Exactement ! Ce sont eux les perdants. Ils sont de moins en moins nombreux. Ceux qui se mettent à l’écart des règles sont tout de suite identifiés.

Comment est-ce que vous gérer les campagnes de sabotage contre votre personnalité effectuées de temps en temps dans les médias et sur les réseaux sociaux ?

Vous allez remarquer que je n’en parle pas beaucoup. Ce qui m’intéresse le plus, c’est le bien-être de nos assurés sociaux. Ce sont les pensionnés qui ont leur retraite à temps ; ceux qu’on indemnise rapidement, à qui on donne les allocations familiales à temps et qu’on soigne bien dans nos formations hospitalières Pour moi, c’est le plus important.

Est-ce parce qu’il y a désormais assez d’argent à la CNPS que vous avez entrepris la réfection de l’immeuble siège de l’organisme ?

Oui. Nous pouvons nous permettre cela aujourd’hui. Ce sont des frais assez lourds. Nos plans de trésorerie à moyen et à long terme nous permettent très aisément de mener jusqu’au bout ces travaux. C’est vrai que nous avons un retard dans la livraison du chantier. En principe, les travaux devraient s’achever au mois de juin. En espérant que la pandémie ne va pas davantage retarder ces travaux.

 

 

La 24e journée africaine des risques professionnels se célèbre. Mais, on n’aura pas de manifestation parce que le contexte s’y prête. En célébrant cette journée, quel est le message que le directeur général de la CNPS du Cameroun veut transmettre aux entreprises ?

Le message retrouve très bien le thème « travailler ensemble ». La prévention ne relève pas exclusivement ni de l’Etat, ni d’un organisme, ni même de l’entreprise ou du travailleur. Ce sont toutes ces parties prenantes qui doivent agir pour prévenir au mieux les risques professionnels. Le Coronavirus aujourd’hui nous en donne aussi un exemple. L’Etat édicte des mesures, certains hésitent à appliquer. C’est synergique, chacun doit jouer sa partition. La CNPS ne doit pas être seule. L’employé doit appliquer les mesures de prévention. L’employeur et tous ceux qui sont concernés notamment les médias pour promouvoir et diffuser les mesures de prévention. Il n’y a que cela qui permet d’arriver à une protection optimale des travailleurs.

A propos de santé, les centres de santé de la CNPS, vous en avez un certain nombre à travers la République. Est-il vrai que désormais vous avez instruit qu’il y ait obligation de résultats en termes de finances dans ces structures ?

Nous avons bien compris qu’il faut des résultats car une entreprise qui fonctionne sans recherche de résultats est vouée à la perdition. Je ne suis pas sûre que les Camerounais souhaitent que nos formations hospitalières mettent la clé sous le paillasson. Il faut des résultats et pour cela il y a des paramètres et des indicateurs que nous suivons et que les responsables de ces formations essayent de suivre. Je prends l’exemple du centre hospitalier d’Essos à Yaoundé. Il y a quelques temps, nous avions là-bas un déficit de plus de 5 milliards. C’est-à-dire que chaque année nous devions prendre dans l’argent destiné aux autres prestations pour combler ce déficit. Avec les mesures édictées que nous essayons d’implémenter au mieux, nous en sommes aujourd’hui à un déficit de moins de trois milliards. Vous voyez que cela allège la trésorerie de la CNPS. Nous continuons certes de subventionner mais à un degré moindre. Vous remarquerez que la qualité des prestations s’est accrue. Cela veut dire que l’un et l’autre ne sont pas exclusifs. Nous réduisons les dépenses et en même temps, nous améliorons la qualité du service. Evidemment, nous ne pouvons pas recevoir tout le monde sans exception. Nous avons néanmoins une enveloppe d’aide sociale. Lorsque certaines personnes indigentes viennent chez nous et que nous constatons cette indigence, nous les prenons en charge dans la mesure du possible.

 

 

Sur la trentaine d’années à venir M. le directeur général, vous êtes aise de dire que la CNPS peut tenir ?

Absolument. Il n’y a aucun doute là-dessus ; nous pouvons tenir. A condition que le mode de gestion reste tout aussi rigoureux, que les paramètres économiques ne changent pas parce que l’étude actuelle telle que nous l’avons effectuée est sur la base des conditions économiques. Si elles sont totalement bouleversées, vous comprenez que la donne va changer. Mais toutes choses étant égales par ailleurs, je dirais même que nous sommes partis pour les cinquante prochaines années sans difficultés particulières.

Quel bilan faites-vous de l’opération d’assurance volontaire qui visait à intéresser les étudiants et les personnes exerçants dans le secteur informel  à s’abonner à la CNPS?

Le bilan est assez mitigé. Ils sont venus mais pas au niveau que nous attendions. Malheureusement, nous avons à peu près 180 000 assurés volontaires. Nous en attendons beaucoup plus. Je dirai même quelques millions parce que, cette opération s’adresse au secteur informel qui est relativement important. Evidemment les mesures que nous avons prises pour sensibiliser et habituer les gens à nous faire confiance à s’immatriculer et payer les cotisations, sont parfois limitées par la législation qui, là aussi, j’espère, va évoluer de manière à leur permettre de bénéficier des prestations dites de court terme. Aujourd’hui, les assurés volontaires ne peuvent que bénéficier dans la pension. Les Camerounais ont du mal à se projeter sur 15, 20, 30 ans. Donc, si on associe les prestations de court terme telles que les allocations familiales et peut être même les risques professionnels, cela pourrait les intéresser davantage. En clair, si ces mesures sont adoptées, je pense que ces chiffres peuvent augmenter.

 

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