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Interview de Barbara Aline Elemva Amana , la femme de fer qui traque les contrefacteurs au Cameroun

Interview de Barbara Aline Elemva Amana , la femme de fer qui traque les contrefacteurs au Cameroun

Entre hausse de prix, mise en circulation de produits issus de la contrebande durant et autres stratégie de la période des fêtes de fin d’année les populations ne savent plus à quel saint se vouer. Moment où les équipes de la brigade de contrôle et de répression intensifie les actions sur le terrain.

Lancement officiel du numéro vert par le Ministère camerouais du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana le 25 septembre 2019

C’est une brigade qui fait parler d’elle au Ministère du Commerce. Car, ses actions sur le terrain touchent directement à la vie, et par ricochet au quotidien des populations. Et quelques fois, est sujette à de nombreuses controverses, tant la répression rime avec sanction, correction, voir réparation avec un volet pédagogique derrière.

La Brigade nationale  de contrôle et de répression des fraudes a permis en 2018 d’effectuer 16 532 opérations de contrôles sur toute l’étendue du territoire national. La mise en service au Ministère de Commerce, depuis le mois de septembre 2019, d’un numéro vert, vient davantage donner du pain sur la planche à cette direction.

C’est dans l’optique de faire connaitre cette importante direction, qui joue un rôle de régulateur du marché, que la rédaction du journal afrique-54.com s’est rapprochée de son responsable en chef. Bien plus dans la perspective de mesurer l’écho du numéro vert récemment mis en service. Pour parler de ses missions, ainsi que de son déploiement, qui d’autre que Barbara Aline Elemva-Amana, la Chef de Brigade, par ailleurs Inspecteur des Prix, Poids et mesures. Elle s’est prêtée volontiers au jeu de questions réponses, au cours d’une interview à bâton rompu à la veille des fêtes de fin d’année.

Madame le Chef de Brigade, c’est à la suite du décret du 19 novembre 2018 du Premier Ministre chef de gouvernement que vous êtes promue à ce poste. Alors vous avez pris le pouls de cet important service du Ministère du Commerce depuis déjà plus d’un an. Quel est l’état de santé de votre brigade ?

Au dernier diagnostique de nos évaluateurs qui sont : les populations, notre hiérarchie, et vous les observateurs, il me semble, sans vantardise aucune, que nous essayons de répondre du mieux que nous pouvons aux attentes des citoyens et donc de faire notre job comme il nous ait demandé.

Votre département ministériel a lancé le 25 septembre dernier un numéro vert le 1502, quel est le point de cet outil au dernier checking ?

« Le 1502 est une interface entre les populations et les services de contrôle du Ministère du Commerce notamment la Brigade Nationale»

Le 1502 n’est pas qu’un numéro vert, parce qu’un numéro vert vous appelez et il vous consomme de l’argent. Le 1502 est un numéro d’utilité publique mis à la disposition des populations gratuitement il est accessible par tous les opérateurs téléphoniques mobiles comme fixes, Camtel, Orange, Mtn, Nexttel et les lignes fixes sont accessibles quel que soit l’endroit partout où vous avez du réseau. Même sans crédit de communication vous pouvez y avoir accès. Ce numéro est une interface entre les populations et les services de contrôle du Ministère du Commerce notamment la Brigade Nationale.

A travers ce numéro, les populations peuvent dénoncer toutes les exactions qu’elles subiraient même qu’elles soient en face d’un soupçon de faits irréguliers qui se dérouleraient autour d’elles, elles sont fondées de nous appeler pour que nous puissions mener des diligences y afférentes. Et également les opérateurs économiques qui seraient victime des exactions même de nos équipes. Il y a de faux contrôleurs, des personnes qui se sont passées pour des contrôleurs. Quand elles appelleront, elles auront l’assurance que c’est un contrôle avéré ou pas et au cas où nos équipes seraient en train de mener des exactions sur le terrain, ces opérateurs pourront nous joindre et nous permettre par la suite de réagir. Ce numéro d’utilité publique a une vocation sociale. Mais il y a ce volet éthique et déontologique que nous promouvons à travers ce numéro. En termes de Bilan, c’est un fait inédit.

Au lendemain du 25 septembre après le lancement officiel par monsieur le Ministre du Commerce, le 26 septembre, nous avons reçu 117 appels avec 18 appels fallacieux, mais tout le reste c’était pour dire à Makénéné on m’a vendu le gaz à 900 f, à Tokombéré on m’a vendu le sucre et j’ai l’impression que ce n’est pas le sucre Sosucam, à Nguelemendouka vraiment ça venait de partout. Cela a été un écho favorable pour nous parce que à partir de là nous avons les échos du terrain venant de la base qui  est notre raison d’être. Cela nous donnes du travail, ce qui est toujours bien pour nous.

« Nous assurons un suivi pour être sûr que cet appel est suivi d’effet »

Quand nous sommes saisis par les citoyens, si c’est dans notre possibilité d’intervenir directement, nous ici à la brigade, notre personnel de la brigade nationale descend sinon nous relayons l’information aux services déconcentrés les plus proches le but étant la diligence dans l’action. Et nous assurons par la suite un suivi c’est-à-dire que quand nous avons saisi le chef de la brigade d’arrondissement de Foumbot par exemple, pour lui faire état de ce que nous avons eu telle dénonciation, il est tenu de descendre sur le terrain, de vérifier les faits, s’ils sont avérés de corriger la situation mais également, nous assurons un suivi pour être sûr que cet appel est suivi d’effets. Et par la suite des personnes peuvent nous contactés si elles ne sont pas satisfaites ou alors nous contactés si elles sont satisfaites.

Le plus souvent nous recevons les appels pour nous dire que le plaignant n’a pas eu satisfaction. Moi en tant que chef de la Brigade Nationale, c’est ce genre de remonté que je veux ça nous permet de nous rassurer que nos personnels sont à l’œuvre comme le veut le chef de département ministériel.

Comment se déploient vos équipes pour l’atteinte de vos missions ?

Ce qu’il faut savoir c’est que la Brigade de contrôles et de répression des fraudes du Ministère du Commerce, est déployée dans tous les départements. Nous avons jusqu’à 58 départements au Cameroun, nous avons le chef de Brigade Nationale, les chefs des Brigades Régionaux dans les 10 régions, les chefs des départementales.

Nous avons un certain nombre d’arrondissements, les arrondissements à forte activités économiques. Nous avons un chef de Brigade à Garoua Boulai, qui est d’ailleurs très actif, vous irai à Kyé-ossi, vous aurez un chef de Brigade d’arrondissement qui est très actif également dont la volonté est de rapprocher l’administration des populations et ceux qui sont ces chefs de brigade d’arrondissement notamment. C’est nos services les plus opérationnels c’est-à-dire en cas de cas, ils sont tenus au moins pour des mesures temporaires d’aller stopper le phénomène qui se passe. Quitte à ce qu’un renfort leur vienne soit du département, soit de la région ou le cas échéant même de la Brigade Nationale pour les permettre d’agir et de régulariser la situation. Oui nous sommes opérationnel on espère avoir de l’efficacité, mais c’est vous nos évaluateurs qui nous direz si vous trouvez satisfaction mais nous à notre niveau mettons tout en œuvre pour que tout se passe pour le mieux.

Comment juguler vous le problème des effectifs qui est régulièrement mis en avant dans les services publics ?

« Nous sommes dans un processus permanent de recherche de l’efficacité »

La fonction publique de façon générale est dans un processus de recrutement du personnel et tous les ans nous avons les personnels qui sont affectés au Ministère du Commerce et déployés dans les brigades. C’est pour dire qu’on fait au mieux avec les ressources que nous avons. Nous avons toutes les sortes de ressources que ce soit la ressource humaine, la ressource matérielle, la ressource financière la ressource tant même informationnelle, nous sommes dans un processus permanent de recherche de l’efficacité. Le gouvernement fait ce qu’il peut pour mettre à notre disposition les ressources nécessaires et nous nous faisons ce que nous pouvons de mieux avec celles que nous avons.

Le Cameroun fait actuellement face dans certaines parties de son territoire, au problème de sécurité. Comment appréhendez-vous cette externalité au niveau de vos équipes ?

Les problèmes sécuritaires, je ne définirais pas ça comme des obstacles particuliers à la fonction que nous occupons. Ce sont des problèmes qui affectent le pays dans tout son ensemble ce n’est pas spécifique à l’activité que nous menons. Nous irons difficilement travailler dans les zones d’insécurités. Un enseignant ira difficilement dispenser des cours dans les zones d’insécurités. Donc c’est propre à la Nation ce n’est pas spécifique à notre activité. Ce qui est par contre spécifique à notre activité est que nous nous attaquons généralement aux intérêts personnels, aux intérêts privés des individus qui sont prêts à tout pour défendre cela. Vous aurez un monsieur ou une dame qui aurait emprunté de l’argent pour se lancer dans un commerce mais qui aurait parfois emprunté une mauvaise route.

« Nous avons le devoir aussi d’assurer aux entreprises régulièrement installées de se déployer de façon sereine quand on parle des problèmes de mauvaise  concurrence »

 

Si nous avons le devoir de stopper cette activité, cette personne aspire à pouvoir vivre donc il faut s’attaquer aux intérêts des individus et ça pose un frein pour pouvoir trouver le bon équilibre pour permettre à ces personnes de se développer et en même temps à nous de rassurer le consommateur dans le sens de sa protection mais également les entreprises régulièrement installées. Parce que nous avons ce double volet, le volet protection des consommateurs mais également nous avons le devoir aussi d’assurer aux entreprises régulièrement installées de se déployer de façon sereine quand on parle des problèmes de mauvaise  concurrence.

Des gens qui achètent illicitement des produits, des questions de contrebande, de contrefaçons, là ils attaquent les intérêts des entreprises citoyennes régulièrement installée qui payent normalement  leurs impôts. Il y a tous ces volets, il faut pouvoir trouver le juste milieu, pouvoir travailler de façon sereine de sorte à atteindre nos objectifs sans toutefois créer d’autres problèmes sociaux parce que chaque fois que nous fermons un commerce, il y a des gens qui se retrouvent au chômage. L’action complémentaire sera d’amener ces personnes à se conformer. Car le Ministère du Commerce n’a pas vocation à tuer l’initiative privée ; c’est important de le mentionner.

« Notre rôle ce n’est pas fermeture tout azimut encore moins le blocage des commerces »

Notre rôle ce n’est pas fermeture tout azimut encore moins le blocage des commerces. Mais tout ce que nous demandons aux personnes c’est d’entrer dans un processus de conformité. Malheureusement il y en a beaucoup qui se plaisent à faire du mal aux autres. Il y a beaucoup d’activités criminelles là-dedans à l’instar du cas cette année d’une structure qui faisait de la pâtisserie avec des ingrédients périmés. Ceci est criminel car, vous tuez des gens. Là ce n’est pas quelqu’un qui exerce en ne sachant pas les conséquences c’est volontairement qu’on le fait ; là nous avons affaire à des activités criminelles.

Mais vous pouvez aussi avoir un revendeur qui serait allé acheter du poisson chez un autre revendeur parce qu’il veut approvisionner certaines zones, mais malheureusement il n’aurait pas bien négocié sa marge de bénéficiaire, en ce moment il se confronte à nous parce qu’il y a un certain nombre des produits pour lesquels, les prix aux consommateurs sont fixés. Et ce monsieur après il faut l’aider à trouver dans ses négociations avec ses partenaires à pouvoir trouver son compte sans avoir de conséquences sur les consommateurs.

C’est la période des fêtes de fin d’année votre brigade va multiplier les opérations de contrôle. En quoi consistent-elles pour l’essentiel ?

« Nous sommes à pied d’œuvre 24h/24 »

Nous amorçons les fêtes de fin d’année, et c’est la période durant laquelle nous sommes à pied d’œuvre 24h/24. Le 12 novembre dernier, le Ministre du Commerce a lancé officiellement l’opération noël pour tous, qui s’adosse sur une sorte de contrat moral entre les pouvoirs publics et les opérateurs économiques. Dans lequel les opérateurs économiques s’engagent à mettre à la disposition des populations des produits de qualité, en quantité suffisante et surtout au prix accessible.

Parlant des prix, il s’agit de pratiquer des politiques commerciales attractives pour permettre à ces populations de s’approvisionner. En contre parti, les pouvoirs publiques eux s’engagent à mener des opérations d’assainissement des espaces commerciaux, dans le but de permettre à ces entreprises citoyennes qui auraient fait un effort pour permettre aux citoyens de passer de bonnes fêtes, de réaliser des bénéfices. Les pouvoirs publics via le Ministère du Commerce,  se sont s’activés dans le sens de l’assainissement des espaces commerciaux à travers une lutte accrue contre toute sorte de commerce illicite. Ça sera pour me résumer, les problèmes de quantité, de qualité, et des prix. Et sur ce terrain de la fraude, ces opérateurs nous auront en face d’eux.

 

Interview réalisée par Thierry Eba / Afrique-54.com / Afrique

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