Economie verte : Le Cameroun explore les opportunités pour devenir un pays éco responsable
C’est au cours d’un forum national dont l’objectif global est d’identifier les leviers de développement durable capables d’induire sur la croissance. Sous-tendu par des mesures dans les modes de vies, en vue non seulement de réduire les émissions de carbone, mais également de lutter contre la pollution.
Le monde actuel et le Cameroun font face à plusieurs défis, notamment les crises climatique, énergétique, alimentaire, économique et financière. Des crises dont la complexité installe la quasi-totalité des populations dans une alternative qui n’offre guère d’autre choix que l’action responsable. A travers donc, le forum national sur l’économie verte, organisé au courant du mois de novembre 2019, dans la capitale camerounaise Yaoundé, les plus hautes autorités voudraient examiner en profondeur cette problématique actuelle. En organisant ces activités, le Cameroun entend offrir une opportunité réelle aux décideurs politiques, sous l’impulsion du ministère de l’Environnement de la Protection de la Nature et du Développement Durable, aux chercheurs, ainsi qu’à la société civile, de réfléchir ensemble sur les réponses idoines à apporter à ces défis qui se présentent.
Il est donc plus que jamais impératif de trouver les solutions les mieux adaptées à ces crises en élaborant un modèle équitable qui, au regard des besoins urgents de développement, notamment dans le pays, concilie lutte contre la pauvreté et protection de l’environnement. C’est cet engagement des autorités politiques, à promouvoir le développement durable dans une perspective d’éradication de la pauvreté et d’émergence économique qui a conduit à l’adhésion du pays au Partenariat pour l’Action en faveur d’une économie verte (PAGE) en 2014. Pendant deux jours, du 13 au 14 novembre au Palais Polyvalent des Sports de Yaoundé, les participants venus d’institutions publiques et privées spécialisées, d’universités, d’Ong, d’établissements publics, des collectivités territoriales décentralisées et de la société civile, ont échangé, à la lumière d’exposés d’experts, sur des perspectives en vue de faire du Cameroun un pays éco responsable.
Le rapport du Groupe de la Gestion de l’Environnement (GGE) de 2011 déplore que l’une des faiblesses dans la façon dont le développement durable a été mis en œuvre au cours des vingt dernières années soit la tendance à conduire des actions pour chacun des « trois piliers » que sont la société, l’économie et l’environnement. Cependant en les dissociant. Une nouvelle façon de penser, relativement à l’Economie Verte, tend à résoudre cette faiblesse en mettant en évidence ces trois variables qui se combinent pour résoudre l’équation du développement durable. Bien que la notion d’économie verte soit assez récente sur la forme, le concept quant à lui n’est pas fondamentalement nouveau sur le fond. C’est un concept qui s’est construit sur plusieurs décennies de réflexions, d’analyses sur l’interaction entre l’humain, l’économie et l’environnement.
Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) prône ainsi la nécessité de « découpler » la consommation des ressources naturelles de la croissance économique en affirmant que « l’humanité peut et doit faire plus avec moins ». En effet, d’après un rapport rédigé par le Panel international des ressources du PNUE, l’éventualité d’une hausse significative des niveaux de consommation, sous l’effet conjugué de la croissance démographique et économique, notamment dans les pays en développement, « va sans doute bien au-delà des niveaux supportables ». Faire donc en sorte que le taux de productivité des ressources dépasse celui de la croissance économique est le principe fondamental de la notion de « découplage », souligne le panel. Cet objectif implique néanmoins de repenser d’urgence les liens entre l’utilisation des ressources et la prospérité économique et de soutenir les innovations technologiques, économiques et sociales par des investissements massifs, pour parvenir au moins au gel de la consommation par habitant dans les pays riches, tout en aidant les pays en développement à adopter un mode de croissance plus durable.
Vue sous cet angle, dans une économie verte, la croissance des recettes et la création d’emplois proviennent des investissements publics et privés qui incitent à une meilleure utilisation des ressources, à une réduction des émissions de carbone, des déchets et de la pollution, tout en actionnant sur la prévention de la perte de biodiversité et de la dégradation des écosystèmes. Et ces investissements sont à leur tour soutenus par la hausse de la demande en faveur de produits et services respectueux de l’environnement, par l’innovation technologique et, très souvent, par les mesures fiscales et sectorielles correctives adoptées pour garantir que les prix reflètent correctement les coûts environnementaux. »
Dès lors, le rôle du gouvernement camerounais s’avère crucial pour impulser les changements à mettre en place. Il s’agit notamment de proposer une cadre réglementaire capable d’orienter les investissements vers des activités respectueuses de l’environnement et socialement inclusive. Il est également question de réorienter les dépenses publiques, en limitant celles qui contribuent à stimuler des activités néfastes pour la planète et en favorisant celles qui alimentent la transition vers une économie verte. Enfin, la population, à travers ses choix et ses pratiques de consommation, peut être un véritable catalyseur de la transition vers une économie verte. C’est d’ailleurs un des grands axes développés au cours de ce forum national, dont les citoyens attendent de voir des recommandations fortes allant dans ce sens.
Par Thierry Eba / Afrique-54.com / Afrique