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Cameroun : Un correspondant de la presse étrangère à la Cour d’Appel du Littoral

Un correspondant de la presse étrangère à la Cour d’Appel du Littoral

La seconde audience du procès en appel du journaliste d’investigation Nestor Nga Etoga s’ouvre ce mardi, 05 juin 2018 à Douala. Depuis trois ans, le correspondant du journal français Le Point Afrique, du site d’informations tchadien alwihdainfo.com et directeur de l’hebdomadaire Le Renard ; est accusé d’avoir diffamé Stéphane Muller, sujet français, patron de la société forestière Fipcam installé à Mfou dans le département de la Méfou et Afamba. Pourtant, ce ne sont pas les preuves qui manquent contre cet exploitant forestier. Evocation.

 

 

Par Ben Sala Isiakou, envoyé spécial au Cameroun – « Au fil du temps, Nestor est devenu le symbole de la lutte âpre des populations de Mfou,un défenseur des droits des populations et de la protection de la foret camerounaise, face à la combinaison des manœuvres de puissants aventuriers et exploitants forestiers, qui accaparent les terres  de leurs ancêtres à vils prix, avec la complicité de fonctionnaires hauts placés » ; indique dans une déclaration, le Professeur  Shanda Tonme, Président de la  Commission Indépendante contre la Corruption et la Discrimination(COMICODI).

D’abord accusé par  Stéphane Muller, de diffamation dans les colonnes du site alwihdainfo.com, le journaliste avait été acquitté de cette charge lors de son premier procès au Tribunal de Première Instance de Ndokoti à Douala. Mais,Nestor a été condamné au deuxième procès dans lequel il était accusé par le même Stéphane Muller, d’être le promoteur d’un journal fictif dénommé echosducameroun.com et dans lequel le journaliste aurait diffamé le directeur général et la société Fipcam.

Le tribunal de première instance de Douala-Ndokoti avait alors condamné  le journaliste à six mois d’emprisonnement avec sursis pendant trois ans et 1.000 000 Fcfa d’amende ferme ; à payer les dépens de la procédure liquidés à 1.276 150 Fcfa ; à payer à la société forestière Fipcam et son directeur général la somme de 25 .000 000 Fcfa pour « diffamation par voie de presse, publication de fausses nouvelles, coaction et complicité ».

Un verdict « incompréhensible » pour le Professeur Shanda Tonme, le président de la Commission Indépendante Contre la corruption et la Discrimination(COMICODI) qui estime, dans un communiqué publié au lendemain du verdict, que : « … la liberté de la presse semble encore être l’objet de débats intenses et de polémiques sans fin au Cameroun ».

Pour sa part, Reporter Sans Frontière avait estimé que cette condamnation était celle « d’un journaliste qui n’a fait qu’exercer son métier ».

Maitre Hyppolite Tiakouang Meli,avocat du journaliste a relevé des griefs au jugement N°725/COR rendu le 14 février 2017 contre son client. Des griefs relatifs aux vices et irrégularités tant dans la forme que dans le fond que le requérant offre développer, articuler et prouver au cours du procès en appel.

Le président de la Commission Indépendante Contre la Corruption et la Discrimination présente notre confrère comme un : «journaliste courageux, engagé, patriote humaniste et sérieux dans son travail qui s’est penché sur un cas d’abus et de spoliation inacceptable des populations de l’arrondissement de Mfou et du patrimoine forestier du Cameroun ».

Depuis quelques années, le journaliste enquête et publie sur les pratiques frauduleuses de la société FIPCAM, sur les infractions jamais constatées par les Ong, l’observateur indépendant au contrôle et suivi des infractions forestières au Cameroun et d’autres organes d’Etat.

 

Une attitude de Nestor Nga Etoga,un journaliste d’investigations dans les camps de réfugiés centrafricains

 

A ce jour,à la suite de plusieurs publications de Nestor Nga Etoga sur le site alwihdainfo.com,la quasi-totalité des administrations à la fois civiles et militaires, se sont penchées sur le cas de cette société. De nombreuses enquêtes sont en cours.

Déjà, le 20 février 2018, le Tribunal de Première Instance de Mfou,statuant en matière correctionnelle et de simple police dans l’affaire Ministère Public et Stéphane Muller Contre Etounou Lucien,ex-employé de la société Fipcam accusé par cette dernière de Diffamation  avait déclaré l’accusé non-coupable,l’avait relaxé de ce chef pour fait non imputable et avait mis les dépens liquidés à la somme de 40.000 Fcfa à la charge du Trésor public.

« Rendue de façon brutale, pervertie, légère et insalubre, la justice tue le génie et ruine les âmes, à la fois des justiciables et des juges. Mais rendue de façon sereine, professionnelle, intègre et honnête, la justice grandit la conscience, enrichit la conviction, allume les flammes de l’espoir, densifie positivement les rapports sociétaux, et confère finalement au juge une si éloquente et enviable responsabilité de créateur de bonheur et de protecteur de la vérité »

Professeur Jean-Claude Shanda Tonme,

Diplomate de carrière et juriste

En février 2016, les ex-délégués du personnel de la société FIPCAM et la communauté riveraine autochtone de Nkol-Nguet par Mfou avaient saisie le Président Paul Biya, suite à un accident de travail mortel au chantier d’exploitation vers Djoum à la frontière avec le Congo. Un accident qui, selon les ex-délégués « avait fait plusieurs morts, tous en service à la société Fipcam…Certains employés témoignent qu’ils travaillent dans des conditions de pression insupportable alliant l’esclavage et le racisme donc négligence de la vie des noirs ». Sur la base de ces déclarations, le journaliste avait engagé des investigations. Il lui aurait été proposé des publi-reportage à forte somme d’argent qu’il a décliné pour poursuivre ses investigations. Vexé par l’attitude incorruptible du journaliste, Stéphane Muller a donc intenté plusieurs citations directes contre le journaliste tant à Yaoundé qu’à Douala, pour l’empêcher de continuer à mener son enquête.

En attendant la décision de la Cour d’appel du Littoral sur cette affaire, le professeur Jean-Claude Shanda Tonme, diplomate de carrière et juriste consultant international estime que : « rendue de façon brutale, pervertie, légère et insalubre, la justice tue le génie et ruine les âmes, à la fois des justiciables et des juges. Mais rendue de façon sereine, professionnelle, intègre et honnête, la justice grandit la conscience, enrichit la conviction, allume les flammes de l’espoir, densifie positivement les rapports sociétaux, et confère finalement au juge une si éloquente et enviable responsabilité de créateur de bonheur et de protecteur de la vérité ».Affaire à suivre.

 

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