► Au Cameroun, l’histoire de Florence qui souffre d’hypertension artérielle depuis plus d’une décennie, démontre à suffisance que l’on peut vivre avec cette maladie, qualifiée de « tueur silencieux », Docteur Laura Ciaffi coordonnatrice internationale du projet VIHeillir.
Afrique54.net | C’est dans l’arrondissement de Nguélémendouka, Département du Haut-Nyong, Région de l’Est-Cameroun, que nous avons pris attache avec Florence. Agricultrice à la base, 64 ans et mère de six enfants, elle a été diagnostiquée d’hypertension artérielle depuis près d’une quinzaine d’années. Le sourire aux lèvres qui ne quitte presque jamais son visage, elle nous accueille dans une petite chapelle du coin, où elle officie dans ses heures perdues, comme catéchiste. Loin des grandes agglomérations, dans l’arrière-pays, plusieurs patients traînent avec eux dans l’ignorance totale, ce ‘’tueur silencieux ‘’.
« C’est en 2010 lors d’une campagne de santé organisée à l’hôpital de district d’Abong-Mbang que j’ai été diagnostiquée hypertendue. Rendu de ce côté pour un pèlerinage. Et étant donné que plusieurs semaines bien avant, je sentais mon corps fatigué. J’avais des maux de tête qui revenaient de temps en temps. Une fois j’ai constaté que je saignais du nez, je me suis dit que comme c’est gratuit, je dois en profiter. Je suis allée me faire consulter auprès de l’équipe médicale. Bousculé par le résultat, je suis rentré à Nguelemendouka. Une fois rentré, je me suis rendu pour un examen chez les sœurs », nous confie Florence.
Les résultats de cet examen vont confirmer chez Florence une hypertension artérielle et un antihypertenseur lui est prescrit dans la foulée. La patiente ne comprend pas ce résultat et va informer ses enfants en ville qui vont s’empresser pour sa prise en charge.
Avec ses 63 kilos, la sexagénaire, mère de six enfants, ne boit pas, ne fume pas. Au bout de trois mois de prise en charge à l’Hôpital Central de Yaoundé, va retourner dans ses champs, et depuis lors opter pour une alimentation sans sel. Et depuis lors, la vie semble avoir repris son cours. La pression artérielle, qui augmentait naturellement avec l’âge, est stable.
« Malheureusement, pour reconnaître cette maladie, il faut mesurer la tension. Parce que dans 80 % et plus des cas, c’est asymptomatique, on ne connait rien. On la dépiste avec la prise de la tension à l’hôpital, en pharmacie, dans un centre de santé. Ça c’est un élément très essentiel à retenir. C’est une maladie très fréquente. 35 % de la population camerounaise adulte souffre d’hypertension artérielle, mais on sait que globalement dans le monde, il y a que 20 % des hypertendus qui se connaissent hypertendus », nous révèle Docteur Laura Ciaffi, Coordonnatrice du projet ‘’Bien vieillir avec le VIH’’ à l’ANRS de l’Hôpital Central de Yaoundé.
On parle d’hypertension artérielle lorsque la pression du sang dans les artères est trop élevée. Pour réduire les risques de maladies cardiaques, d’insuffisance rénale, et d’accidents vasculaires cérébraux associés, la bonne stratégie consiste à mieux manger, bouger plus, perdre du poids et gérer son stress.
Docteur Laura Ciaffi recommande d’ailleurs de la mesurer au moins une fois par an passé l’âge de la cinquantaine. En insistant sur le dépistage afin de pouvoir mettre en place un traitement rapide. Une maladie sévère à ne pas négliger, qui peut causer de gros dégâts.
Selon une étude scientifique parue en novembre 2021 de l’International Dairy Journal, le fait de mettre régulièrement du yaourt à son menu permettrait de diminuer la pression artérielle des seniors. Les chercheurs ont ici analysé les données de 915 adultes âgés en moyenne de 62,1 ans, dont 62 % avaient une pression artérielle élevée, située autour de 140/90 mmHG. Ils ont observé une réduction modeste mais significative de la pression artérielle systolique chez les personnes hypertendues qui mangeaient souvent des yaourts.
Si les recherches sur cette pathologie se poursuivent, une hygiène de vie et des exercices physiques réguliers pourraient repousser de fort belle manière, les invalidités possibles des complications à long terme.
© Afrique54.net | Thierry Eba , depuis Yaoundé
