La pénurie de carburant au Cameroun peut être analysée à travers plusieurs approches du développement, y compris la théorie des capabilités

Théorie des capabilités :

Cette théorie, développée par l’économiste Amartya Sen, met l’accent sur les capacités et les opportunités réelles des individus pour mener une vie qu’ils ont des raisons de valoriser. Dans le contexte de la pénurie de carburant au Cameroun, cette approche pourrait mettre en évidence comment la pénurie affecte les capacités des individus à mener une vie productive. Par exemple, la pénurie de carburant peut entraver la capacité des individus à se déplacer, à travailler ou à accéder à des services essentiels, ce qui peut à son tour affecter leur bien-être et leur qualité de vie.

Amartya Sen a développé la théorie des capabilités, qui met l’accent sur les capacités et les opportunités réelles des individus pour mener une vie qu’ils ont des raisons de valoriser. Dans le contexte de la pénurie de carburant au Cameroun, cette approche pourrait mettre en évidence comment la pénurie affecte les capacités des individus à mener une vie productive. Par exemple, la pénurie de carburant peut entraver la capacité des individus à se déplacer, à travailler ou à accéder à des services essentiels, ce qui peut à son tour affecter leur bien-être et leur qualité de vie.

Martha Nussbaum, une philosophe américaine, a également contribué à la théorie des capabilités. Elle soutient que la justice sociale consiste à offrir à chaque citoyen les conditions du bien-être minimal, en lui permettant d’agir dans des domaines d’action nécessaires à toute vie digne d’être vécue.

Mahbub ul Haq, un économiste pakistanais, a travaillé avec Amartya Sen sur le développement de l’Indice de développement humain (IDH), qui met le développement humain au cœur du développement en général, et économique en particulier.

Kako Nubukpo, un économiste togolais, a souligné l’importance de la maîtrise de la démographie pour le développement économique de l’Afrique. Il a également critiqué le système néolibéral et a proposé un nouveau modèle économique basé sur le néoprotectionnisme.

En somme, la théorie des capabilités offre un cadre précieux pour comprendre et aborder les défis de développement tels que la pénurie de carburant au Cameroun. Elle met l’accent sur l’importance de donner aux individus la capacité de mener une vie qu’ils ont des raisons de valoriser, ce qui nécessite une attention à la fois aux ressources disponibles et aux conditions sociales, politiques et économiques qui permettent aux individus de faire usage de ces ressources.

Approche basée sur les ressources :

Cette approche met l’accent sur l’importance des ressources matérielles pour le développement. Dans le cas du Cameroun, la pénurie de carburant pourrait être vue comme un symptôme d’un manque de ressources (carburant) qui entrave le développement économique. Cette pénurie pourrait être due à des problèmes d’infrastructure (par exemple, une capacité de stockage insuffisante), à des problèmes politiques (par exemple, des subventions insuffisantes ou mal ciblées) ou à des problèmes économiques (par exemple, une dépendance excessive à l’égard des importations de carburant).

Le déficit en infrastructure de développement économique au Cameroun

Le Cameroun, comme de nombreux pays en développement, fait face à un déficit significatif en matière d’infrastructure de développement économique. Ce déficit est particulièrement visible dans le secteur de l’énergie, où la pénurie de carburant actuelle met en évidence les lacunes de l’infrastructure existante.

Problèmes d’infrastructure

La pénurie de carburant pourrait être attribuée à plusieurs facteurs liés à l’infrastructure. Par exemple, le pays pourrait manquer de capacités de stockage adéquates pour le carburant, ce qui pourrait entraîner des pénuries lorsque la demande dépasse l’offre1. De plus, le Cameroun pourrait également dépendre excessivement des importations de carburant, ce qui rend le pays vulnérable aux fluctuations des prix internationaux et aux retards de livraison.

Impact sur le développement économique

Le déficit en infrastructure a un impact direct sur le développement économique du Cameroun. Les pénuries de carburant peuvent entraver le fonctionnement des entreprises et des industries, ce qui peut à son tour ralentir la croissance économique. De plus, les hausses de prix qui accompagnent souvent ces pénuries peuvent augmenter le coût de la vie pour les citoyens ordinaires.

Solutions possibles

Pour résoudre ce problème, le Cameroun pourrait envisager d’investir davantage dans l’amélioration de son infrastructure énergétique. Cela pourrait inclure la construction de nouvelles installations de stockage de carburant, l’amélioration des infrastructures de transport pour faciliter l’acheminement du carburant à travers le pays, et la diversification des sources d’énergie pour réduire la dépendance à l’égard des importations.

En outre, le Cameroun pourrait également envisager de former des partenariats public-privé pour financer ces améliorations d’infrastructure. La Banque africaine de développement estime qu’entre 130 et 170 milliards de dollars sont nécessaires chaque année pour le développement des infrastructures, ce qui laisse un déficit de financement substantiel de 68 à 108 milliards de dollars.

En conclusion, bien que le déficit en infrastructure du Cameroun pose des défis significatifs, il existe également des opportunités pour le pays de stimuler son développement économique en investissant dans l’amélioration de son infrastructure énergétique.

Approche institutionnelle :

Cette approche met l’accent sur le rôle des institutions dans le développement. Dans le contexte de la pénurie de carburant au Cameroun, cette approche pourrait mettre en évidence le rôle des institutions gouvernementales et non gouvernementales dans la gestion de la pénurie. Par exemple, la réponse du gouvernement à la pénurie (ou l’absence de réponse) pourrait être analysée pour comprendre comment les institutions peuvent contribuer à la résolution (ou à l’exacerbation) de la crise¹.

Il est important de noter que ces approches ne sont pas mutuellement exclusives et peuvent toutes contribuer à une compréhension plus complète de la pénurie de carburant au Cameroun.

Le rôle des institutions dans la gestion de la pénurie de carburant au Cameroun

La pénurie de carburant au Cameroun a mis en évidence le rôle crucial des institutions, tant gouvernementales que non gouvernementales, dans la gestion de cette crise. L’approche institutionnelle du développement nous permet d’examiner comment ces entités ont réagi à la situation et comment leurs actions (ou leur inaction) ont contribué à la résolution ou à l’exacerbation de la crise.

Les institutions gouvernementales

Le gouvernement camerounais, par l’intermédiaire du ministère de l’Eau et de l’Énergie, a attribué la pénurie de carburant à un retard dans l’arrivée de trois navires transportant du carburant, en raison de conditions météo-océaniques défavorables. Cependant, malgré les assurances du gouvernement que le retour à la normale est imminent, le prix du carburant a augmenté sur les marchés parallèles, atteignant 1 000 F CFA le litre. Cette situation soulève des questions sur l’efficacité des mesures prises par le gouvernement pour gérer la crise.

Les institutions non gouvernementales

Les institutions non gouvernementales, telles que les organisations de la société civile, les groupes de défense des consommateurs et les médias, ont également joué un rôle important dans la gestion de la crise. Elles ont contribué à sensibiliser le public à la situation, à faire pression sur le gouvernement pour qu’il prenne des mesures et à fournir une assistance aux personnes touchées par la pénurie.

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Pénuries de carburant dans d’autres pays africains. Par exemple :

Au Nigeria, premier producteur de pétrole en Afrique, malgré ses réserves colossales, le pays a connu un gigantesque rué sur l’essence en raison de la vulnérabilité de ses infrastructures de raffinage quasi inexistantes.

En Centrafrique, les stations-services ont été à court de carburant et le ravitaillement s’est fait attendre.

Au Sénégal, le pays s’est résolu à ajouter 100 francs CFA par litre de carburant pour faire face à la pénurie.

Au Congo-Brazzaville, le prix du carburant a augmenté de 5%, soit 24 à 30 francs supplémentaires.

D’autres pays comme le Mali, la Guinée, la Gambie, le Tchad, l’Ouganda ou le Kenya ont également été confrontés à une flambée des prix des carburants et parfois à des ruptures de stock à la pompe.

Ces pénuries de carburant ont souvent été causées par des problèmes d’infrastructure, des difficultés budgétaires, et des tensions sur le marché mondial du pétrole.

Conclusion

Il est important de noter que ces approches ne sont pas mutuellement exclusives. En fait, une compréhension complète de la pénurie de carburant au Cameroun nécessite une analyse à travers plusieurs lentilles, y compris la théorie des capabilités, l’approche basée sur les ressources et l’approche institutionnelle. Chacune de ces approches offre des perspectives uniques qui, ensemble, peuvent aider à élucider les causes profondes de la pénurie et à identifier des solutions potentielles.

Pour conclure, la pénurie de carburant au Cameroun est un puzzle complexe qui nécessite une analyse à travers plusieurs lentilles pour être pleinement comprise. Comme un arbre dont les racines s’étendent profondément dans le sol, les causes de cette pénurie sont profondément enracinées dans les structures économiques, politiques et sociales du pays.

La théorie des capabilités, développée par Amartya Sen, nous rappelle que le véritable objectif du développement est d’élargir les capacités des individus à mener une vie qu’ils ont des raisons de valoriser. Dans le contexte de la pénurie de carburant, cela signifie non seulement assurer un approvisionnement stable en carburant, mais aussi construire des institutions et des infrastructures qui permettent aux individus de faire usage de ce carburant pour améliorer leur qualité de vie.

Comme un fleuve qui trouve toujours un moyen de contourner un obstacle, le Cameroun doit trouver des solutions innovantes pour surmonter cette crise. Cela pourrait impliquer l’amélioration des infrastructures, la diversification des sources d’énergie, et la mise en place de politiques qui favorisent l’équité et la durabilité.

En fin de compte, la pénurie de carburant au Cameroun est un défi de développement qui nécessite une réponse holistique. En combinant la théorie des capabilités avec d’autres approches du développement, nous pouvons espérer non seulement résoudre cette crise, mais aussi construire un avenir plus prospère et durable pour le Cameroun.

Par Dr. Blaise Joseph ONANA NEME,

Atlantic International University

• School: Social and Human Studies | Program: Doctorate | Major: Social Policies
• E : onablais2016@gmail.com | Tel. : 237697508905

Références

1. Amartya Sen et la théorie des capabilités – Pour l’Eco
2. Amartya Sen | economie.gouv.fr
3. Martha Nussbaum, Capabilités. Comment créer les conditions d’un monde …
4. Handicap et capabilités | Cairn.info
5. Amartya Sen — Wikipédia
6. Kako Nubukpo : « L’Afrique peut devenir la puissance agricole de demain
7. La théorie des capabilités d’Amartya Sen et Marta Nussbaum
8. Handicap et capabilités | Cairn.info
9. Martha Nussbaum fait le point sur la notion de Capabilité
10. Les « capabilités » selon Martha Nussbaum – ethikos.ch
11. Chapitre 5. Des apports de l’ergonomie constructive pour concevoir des …
12. CAPABILITÉ ET CAPACITÉ DANS LE DÉVELOPPEMENT – Cairn.info
13. Capabilités (Théorie des) : définition d’économie – Pour l’Éco
14. Publications de Kako Nubukpo | Cairn.info
15. Kako Nubukpo : « L’émergence est corrélée à la maîtrise de la démographie
16. https://doi.org/10.4000/lectures.9575
17. Rapport du FMI n° 22/76 CAMEROUN – IMF
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22. http://www.imf.org
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