►►Une banderole fixée sur la sculpture Broken Chair devant le siège des Nations Unies à Genève appelle l’Estonie, la Finlande, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne à rester dans le Traité d’interdiction des mines.
Afrique54.net‹La banderole est là depuis le 11 juin 2025. Selon Human Rights Watch (HRW), les pays limitrophes de la Russie vivent une période d’inquiétude. En particulier ceux qui ont été envahis et occupés par Moscou dans le passé, qui, en voyant aujourd’hui l’invasion de l’Ukraine marquée par des atrocités, craignent légitimement d’être les prochains sur la liste.
« Ces derniers mois, les gouvernements de cinq pays à savoir l’Estonie, la Finlande, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne ont tous pris des mesures pour se retirer du traité d’interdiction international des mines antipersonnel. C’est une tendance terrible », estime HRW.
Mesures pour assurer la défense nationale
D’après Human Rights Watch, les mines antipersonnel explosent quelle que soit la personne qui marche dessus ou qui les ramasse. Elles peuvent continuer à tuer pendant des décennies, longtemps après la fin d’une guerre. Les civils représentaient 85 % de toutes les victimes de mines enregistrées en 2023. Lorsque l’âge des victimes a été enregistré, les enfants représentaient 37 % des victimes. On comprend donc pourquoi un traité international contre les mines antipersonnel a été signé par 165 pays.
« Les responsables politiques de cinq pays limitrophes de la Russie affirment aujourd’hui que le retrait du traité d’interdiction des mines est essentiel pour leur sécurité nationale. Ils n’expliquent jamais clairement en quoi le recours à ces armes interdites permettrait d’améliorer leur sécurité nationale. Leurs arguments sont plutôt émotionnels », explique HRW.
En mai dernier, le vice-premier ministre et ministre de la Défense polonais, Władysław Kosiniak-Kamysz, a souligné au Parlement que le retrait du traité sur les mines terrestres était nécessaire afin de ne pas être liés par un carcan qui nous empêche de défendre notre patrie de toutes nos forces. L’argument avancé en Pologne et ailleurs est que tout est acceptable pour défendre la nation.
Appel de 100 lauréats du Prix Nobel
Pour Human Rights Watch, tout n’est pas permis au nom de la défense nationale. Il existe des règles de décence humaine, des accords internationaux et des lois coutumières, même en temps de guerre. Ces pays devraient se ranger du côté des règles, du droit et de la décence. Certains pays enfreignent les règles relatives aux mines antipersonnel, notamment le Myanmar et la Russie, dont les forces armées ont également commis d’innombrables crimes de guerre et autres atrocités.
100 lauréats du Prix Nobel dont l’ancien président polonais Lech Wałęsa, ont lancé un nouvel appel pour protester contre le retrait du traité d’interdiction des mines. Les gouvernements d’Estonie, de la Finlande, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne devraient tenir compte de cet appel.
© Afrique54.net │Lucien Embom