►►D’après le Cadre Intégré de Classification de l’Insécurité Alimentaire (IPC), près de 28 millions de personnes sont en insécurité alimentaire.
Afrique54.net‹ Le dernier rapport du Cadre est formel. Cette crise est causée par les conflits a rmés, la pauvreté systémique, le manque d’accès aux services de base et les chocs sanitaires et climatiques répétés. Au bout du compte, des millions de familles épuisent leurs ressources, adoptent des stratégies de survie négatives pour essayer de satisfaire leurs besoins alimentaires de base, ne peuvent pas se payer de soins de santé et souffrent de niveaux élevés de malnutrition aigüe.
La situation est particulièrement préoccupante à l’est, dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, de l’Ituri et de Tanganyika, où 10,2 millions de personnes se trouvent en phase 3 de l’IPC ou plus. Parmi elles, 2,2 millions de personnes déplacées internes, vivant dans un extrême dénuement, sont en phase 3 ou plus, dont 738 000 en situation d’urgence (phase 4).
Gel des fonds comme facteur aggravant
A l’ouest, 21% de la population du Maï-Ndombé, également touchée par un conflit armé, se situe en phase 3 de l’IPC ou plus selon le rapport de l’IPC d’octobre 2024 et le territoire de Kwamouth, classé en phase 4 de l’IPC en 2023, n’a pas connu d’évolution positive. « Les plus exposées à la faim sont les populations affectées par l’intensification des combats et ayant fui les violences. Elles perdent l’accès à la terre, à la nourriture, à l’eau et aux soins », explique Florian Monnerie, Directeur d’Action contre la Faim en République Démocratique du Congo.
Face à l’ampleur de ces besoins, l’aide humanitaire peine à suivre. Le gel brutal des financements des Etats-Unis, premiers bailleurs de fonds humanitaires en RDC, fait redouter une aggravation de la situation.
« La mobilisation de fonds pour l’aide humanitaire et au développement a toujours été un défi dans une crise aussi chronique. Aujourd’hui, faute de moyens, les acteurs de terrain sont contraints de suspendre ou réduire leurs activités. Cela met en péril des milliers de vies », renchérit Florian Monnerie.
Besoin de 399 millions de dollars supplémentaires
Action contre la Faim, qui prévoyait de traiter 45 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère dans des situations de crises et d’assurer des soins de santé à 360 000 enfants en 2025-2026, ne peut plus accueillir de nouveaux cas depuis mars du fait d’abord du gel de l’action humanitaire puis de l’absence de paiements par le bailleur américain. Seuls les 2 000 enfants déjà pris en charge continuent de recevoir un traitement.
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) prévoit de fournir une aide alimentaire et nutritionnelle à 6,4 millions de personnes en 2025, tout en investissant dans des solutions à long terme. Le PAM a besoin de 399 millions de dollars supplémentaires pour poursuivre ses opérations jusqu’en août 2025.
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