En ce mois d’août, dans le village de Hongri du district de Rong’an, dans la région autonome Zhuang du Guangxi, Long Changyang, âgé de 62 ans, s’affaire à récolter l’armoise annuelle. Sous la chaleur intense du sud de la Chine, cet agriculteur travaille à la collecte et au séchage de cette plante précieuse.
Une fois convertie en médicaments, elle prendra la direction de l’Afrique pour combattre la maladie dévastatrice qu’est le paludisme. Le rôle de l’armoise annuelle, qui érige entre la Chine et l’Afrique un pont sanitaire, devient ainsi capital.
Le district de Rong’an, caractérisé par ses terrains arides et montagneux défavorables à l’agriculture conventionnelle, s’avère parfait pour cette culture. Longtemps vue comme un symbole de stérilité, l’armoise annuelle était ignorée ou déracinée par les agriculteurs locaux comme M. Long, qui s’en servait pour les besoins quotidiens sans connaître son potentiel.
Grâce aux recherches des scientifiques chinois comme Tu Youyou, qui ont extrait l’artémisinine en 1972, cette plante a été propulsée sur le devant de la scène médicale mondiale. En 2005, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a intégré les traitements à base d’artémisinine dans ses recommandations contre le paludisme. Ces avancées ont transformé les terres de Rong’an en zones de haute valeur médicinale, attirant des investissements pharmaceutiques et changeant la vie des agriculteurs.
Zhu Taiguang, qui dirige une coopérative de culture de plantes médicinales, confirme le rendement élevé et la facilité de culture de l’armoise annuelle, qui peut produire jusqu’à 300 kg par mu, offrant une nouvelle source de revenus aux communautés.
La Guangxi Xiancaotang Pharmaceutical Co., principal acheteur local, produit un tiers de l’artémisinine à l’échelle nationale. « Chaque année, en fonction de la dose, notre production contribue à environ cent millions de traitements antipaludiques distribués mondialement », explique Kong Xueping, vice-directrice exécutive de l’entreprise.
Depuis sa découverte, l’artémisinine a non seulement aidé à éradiquer le paludisme en Chine, mais continue de sauver des vies à travers le monde, particulièrement en Afrique, où, selon le Rapport sur le paludisme dans le monde 2023 publié par l’OMS, l’incidence du paludisme a significativement diminué grâce aux traitements basés sur cette molécule. L’engagement continu de la Chine dans la coopération sanitaire avec l’Afrique souligne l’importance de ces partenariats pour la santé globale.
Peng Xiaodan, président de Guilin Pharma, une filiale de Shanghai Fosun Pharmaceutical (Group) Co., Ltd, met en lumière les défis techniques rencontrés, ainsi que les progrès accomplis, notamment le développement de l’artésunate injectable, qui a sauvé plus de 68 millions de patients atteints de paludisme grave à travers le monde. De plus, le médicament oral de prévention du paludisme produit par l’entreprise a été administré à 258 millions d’enfants africains.
Cet échange, au-delà de sa portée sanitaire, témoigne d’une solidarité et d’une collaboration profonde entre la Chine et l’Afrique, forgeant des liens durables par le biais de la santé publique et de l’innovation médicale.■
By Xinhua