[Coup de pied ] Eto’o Fils – Paul Biya : Pour le meilleur et pour le pire
Par Saint-Eloi Bidoung
Samuel Eto’o Fils vient de se voir décerner le « Ballon d’or » de la lutte contre le chômage des jeunes au Cameroun. On disait qu’il n’avait jamais rien fait pour sauver la jeunesse en détresse, comme le font d’autres grands sportifs, stars du football africain, dans leurs pays. Et voilà !
Samuel Eto’o réussit là ou Paul Biya et les siens ont lamentablement échoué. Donner du travail aux jeunes. Mes informations ne me précisent pas si ce sont des emplois en CDD (Contrat à durée déterminée), ou en CDI (Contrat à durée indéterminée). Je sais tout juste que ce travail se fait à distance, de chez vous ou dans votre village, sans devoir être dans les contraintes d’un quelconque bureau. Il vous faut tout simplement un téléphone androïde (ou un PC) et quelques mégas. Et vous avez du travail pour toute la journée, voire jusqu’à tard dans la nuit si vous avez le sommeil difficile. On dit merci à qui ? Bien sûr, à Samuel Eto’o Fils ! Cette adresse qu’il vient encore de démontrer dans la distraction des jeunes camerounais n’a d’égale que ses prouesses devant les buts lorsqu’il était sur les stades. Ces derniers temps, les jeunes ont tout oublié de ce qui est leur quotidien. Ils ont oublié l’ennui, le vice et le besoin.
Paul Biya doit décorer Samuel Eto’o Fils
Des pillards de la Task Force ont été décorés. Les critères ayant motivé cette haute reconnaissance restent inconnus à ce jour. Pourquoi ne pas décorer Samuel Eto’o Fils ? Jamais footballeur n’aura été aussi utile à Paul Biya ! Les jeunes camerounais ne chôment pas depuis plusieurs jours. Un seul post de quelques lignes contenant quelques mots désobligeants contre le président de la Fédération camerounaise de football sur Facebook, au sujet de la Can en Côte d’Ivoire, déclenche une avalanche de 2000 commentaires. Les ripostes des « pro-Eto’o » sont dévastatrices et peuvent durer des heures.
Des milliers de jeunes déchainés. Des délaissés pour compte du régime qui oublient les coupures intempestives voire permanentes et quotidiennes d’électricité, qui les privent de leurs débrouillardises (coiffeurs, vendeurs, de couturiers, recharges de son…) ; des milliers de victimes des quarante un ans de destruction au cours desquels des fleurons et des fiertés qui faisaient notre prospérité établie, ont été incendiés, mis en faillite et surtout liquidés. On vous dit bien « liquidés ! » Ces jeunes gens ont enfin trouvé du travail. Inutile d’aller encore leur parler de la cherté de tous les produits de grande consommation au marché.
Un « travail » qui les éloigne de l’ennui. Ils sont occupés désormais à écrire des commentaires kilométriques, par milliers, sous chaque post rappelant les indisciplines caractérisées et inoubliables du président actuel de la Fecafoot au sein des Lions indomptables au temps de sa carrière. L’ennui de ne pas pouvoir trouver un travail de pétrisseur dans une boulangerie, pour un titulaire de licence en lettres modernes françaises. Du moment où il peut écrire sur Facebook contre tout ce qui disent que Samuel Eto’o Fils avait un jour refusé le drapeau de la République.
Le travail de « pro-Eto’o » éloigne du vice. Des vices. Des vices de la République. Ces jeunes gens si enragés sur Facebook pour magnifier, idolâtrer, déifier la « chance du football camerounais » en partance en Côte d’Ivoire pour ramener la sixième étoile, se moquent de savoir qu’à la tête de l’Etat seul le premier ministre peut encore marcher droit et sans assistance médicale. C’est un vice républicain, mais les jeunes « pro-Eto’o » n’en n’ont plus cure. Ils ont trouvé job très passionnant. Bien plus, être « Pro-Eto’o » éloigne du besoin. Ces jeunes gens, affamés, sans travail et sans le sou, n’ont qu’à scander que « Eto’o est un milliardaire » ou encore « Eto’o est le footballeur le plus riche du Cameroun » puis aller dormir rassasiés.
Un solide étau
Les « anti-Eto’o » ne chôment pas. Des jeunes gens trop occupés à vilipender, à critiquer et très souvent à déconstruire celui que les « Eglisiens de Tsinga » honorent comme « l’envoyé de Dieu pour le football camerounais ». A une suite de 2700 commentaires constellés d’injures les plus révoltantes des « pro-Eto’o » en réaction à un post critiquant la gestion de la Fecafoot, ils affichent, en riposte, 2800 commentaires écumant d’invectives recherchées contre la sélection de Rigobert Song. Et il n’y a jamais de match nul. C’est ce qui fait le charme de cette grande foire où tous les chômeurs ont pu trouver du travail. On s’insulte avec recherche d’un camp à l’autre et on ne fait que cela. Les « pro » d’ici et les «anti » de là-bas donnent du repos à quelqu’un qui en a de plus en plus besoin. Suivez mon regard.
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Paul Biya est le grand bénéficiaire du « travail »de « Fou du Roi» que Samuel Eto’o Fils mène à donner à ces milliers de jeunes camerounais du boulot depuis trois semaines. Tout a commencé à l’orée de la Can Côte d’Ivoire, tout cela continuera pendant la compétition, juste après le premier match du Cameroun ; on n’aura pas terminé des semaines après la fin de la compétition, quelque serait la performance des Lions indomptables. Même le discours à la Jeunesse du 10 février prochain ne viendra pas perturber la Jeunesse camerounaise, celle-ci occupée à ce qui lui fait fuir l’immense et dévorant chômage imposé par quarante et un an de prestidigitation, d’agitations, de manipulations ; de coercitions, de malversations, de tergiversations ; d’arrestations, de contradictions, de détentions et de rétentions. .
Et tôt ou tard…
Eto’o ou tard, on finira bien par comprendre cette hystérie collective autour de celui qui avait eu envie et avait vainement voulu créer une entreprise de pari sportif. Connaissant les affres que subissent les jeunes chômeurs camerounais dans l’enfer du jeu, son « Etobet » allait les rendre encore plus bêtes qu’ils ne l’étaient et qu’ils ne le sont.